Chroniques, Littératures de l'imaginaire, revue littéraire

📚⎜HS1 – La revue des Cent Papiers du Faune

Plumes et pinceaux entremêlés
À 5 ou 6 voix, à 10 ou 12 mains
Tisser les mots et images d’une histoire

Livre’jour à tous,

J’ai découvert la revue des Cent Papiers du Faune dès son premier numéro. Ce premier hors-série est le troisième numéro que j’ai le plaisir de lire ! Un pari, une approche collective que j’ai globalement beaucoup apprécié !

HS n°1 – La revue des Cent Papiers du Faune

Plume : collectif, voir ci-dessous

Édition : Association Le Faune – Arts et Littératures d’Outre-Mondes (clic

Pinceau de couverture : Nathan Colot  (clic

Pinceau intérieur : voir ci-dessous

Présentation

Ce premier hors-série se compose de 5 textes auxquels se mêlent des illustrations. Chaque histoire a été créée par 5 ou 6 personnes, plume ou pinceau.
Contrairement aux autres numéros que j’ai lu, il n’y a pas de fil rouge liant les textes de ce hors-série. Il arrive, à mes yeux, comme une continuité et un élan des numéros précédents. J’ai reconnu des noms dont j’avais beaucoup apprécié les précédentes créations et j’aime énormément le principe de la création à plusieurs mains !
Chaque histoire prend à la fois mots et illustrations, textes et images se répondent pour mieux donner forme à un univers, à une histoire, à la voix devenue commune de chaque équipe.
J’ai à nouveau beaucoup apprécié le travail de mise en page de la revue, aérée et agréable. J’aime particulièrement le fait que le faune se balade entre les pages !
De plus, cette revue soutient la protection des océans : 2€ sont versés à l’association Sea Shepherd (clic site) pour chaque vente d’un exemplaire papier.

Habituellement, je présente 5/6 textes qui m’ont particulièrement marqué parmi ceux publiés. Étant donné le nombre de textes, je vais vous parler de chaque création.
Pour chacune, vous découvrirez les plumes et pinceaux qui ont participé à sa création (et un lien lorsque j’en ai trouvé un), le premier paragraphe et un court avis.

Les nouvelles

Les émissaires

Plumes et pinceaux (dans l’ordre issu de la revue)
Thierry Fauquembergue (clic site
Nathalie Gil
Arthur Garcia
Samiki (clic site)
Ange Beuque (clic site)
Patrick Fontaine (clic site

La gangue rocheuse qui protégeait le bolide se désagrégea à l’approche de la Terre, puis ce fut au tour du projectile lui- même de s’ouvrir. Les cinq fuseaux métalliques libérés se séparèrent et entamèrent leur trajectoire d’approche, dissimulés par la Lune. Chacun décrivit une large courbe avant de pénétrer l’atmosphère, suffisamment rapide pour être confondu avec une météorite de taille moyenne.

Cette première création m’a beaucoup plu ! J’ai énormément aimé la manière dont les personnages et leurs histoires entrent en résonance et la place accordée à la création et à la création collective ! Il y a plusieurs effets de mises en abîme qui fonctionnent très bien et m’ont gardé accrochée à l’intrigue ! L’intrigue elle-même gagne en densité et en nuances, joue sur les attentes et les indices, mêlant fiction réelle et fiction imaginaire.
À l’issue de ma première lecture, la fin m’a laissé un goût d’inachevé. Cependant, en suite de réflexion, je me suis aperçue qu’elle disait tout ce qu’elle avait à dire, l’ouverture n’est qu’un jeu de miroir et d’abîme de plus…
J’ai plus particulièrement apprécié l’illustration réalisée par Patrick Fontaine ! Les touches de couleurs donnent reliefs et sens et l’illustration raconte la fin (ou les fins ?) tout en laissant l’interprétation/compréhension libre.

Quand je pense au petit peuple

Plumes et pinceaux (dans l’ordre issu de la revue)
Florent Lucéa (clic site)
Noémie Guilhot 
Cédric Teixeira (clic site
Laufeust (clic site)
Marie Dietrich 
Edouard de Wilmer (clic site)

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Il créa l’éternité et la finitude, le bonheur et le doute, l’amour et la peur. Il créa toute sorte de dualité et cela lui parut bon. Puis il appela les anges et leur présenta sa création. Et celle-ci était si belle et si parfaite que les êtres ailés se mirent à pleurer silencieusement, frappés de béatitude devant la grandiosité de leur père céleste.

Entre conte, récit initiatique et quête identitaire, j’ai bien accroché avec cette histoire ! J’ai été particulièrement touchée par le rapport au monde du narrateur : en nuances de gris et de grisailles, désabusé, entre vide abyssal et espoir de quelque chose d’autre. Dans cette perception très sombre du monde et de sa vie surgit le surnaturel, un événement étrange qui l’oblige à se confronter à son passé et, surtout, à lui-même.
Avec un mélange d’ironie et de dépit, le ton du narrateur donne un relief particulier au récit, une sincérité juste et émouvante, qui pose une question importante sans offrir de réponse universelle, qui amorce un chemin et invite à l’emprunter.
Et je ne peux rien dire de plus pour ne pas vous divulgâcher ce récit !

Le cadran

Plumes et pinceaux (dans l’ordre issu de la revue)
Amélie Sapin (clic site
Petit Caillou (clic instagram
Patrick Ugen 
Kitel
Sylvain Namur 

Tu as quatre jours de retard, constate le vieil antiquaire. 
– Oh, vous savez, quitte à être en retard autant prendre son temps. Et regardez le résultat, comme neuf ! dit fièrement Simon.

Une lecture un peu mitigée pour cette troisième création.
Le début m’a immédiatement accroché ! L’environnement et le cadran de transport m’ont bien plu et j’étais avide de comprendre, découvrir, explorer et profiter de ce voyage. J’ai énormément aimé la manière dont texte et images se répondaient : les mots s’effacent, une planche illustrée raconte la suite de l’histoire, puis le texte reprend le contrôle de la narration. J’ai d’ailleurs bien aimé les deux traits de pinceau découverts dans cette création !
Cependant, j’ai eu plus de mal à accrocher avec la suite. Les événements se sont enchaînés très vite, trop vite à mon goût. J’ai senti la richesse de l’univers, mais je n’ai pas réussi à saisir les enjeux et certaines explications m’ont davantage embrumé que clarifié la situation.

L’hélicronaute

Plumes et pinceaux (dans l’ordre issu de la revue)
Joan Sénéchal (clic site
Alaïlou (clic site
Anthony Boulanger 
Adrien Ramos (clic site
Cédric Bessaies (clic instagram

Quand le vieux Weinstock toqua à ma fenêtre pour me dire qu’il avait trouvé une voiture broyée dans son verger, je compris intuitivement que ce n’était pas bon signe. La  façon dont les silences avaient eu de durer. Ou dont il avait salué Sonia, un peu de biais, comme pour ne pas qu’elle l’entende ou le regarde. Sa voix, il faut le dire, était inhabituellement lourde de préoccupations, et même d’angoisse. Un ton que je ne lui avais entendu que lorsque sa fille Antonia avait failli mourir quinze ans auparavant, quand bébé Irven s’était présenté en siège et qu’il avait mis plus de vingt-cinq heures à sortir. Weinstock avait dû partir faire sa tournée pendant qu’elle était encore en lutte, et quand on lui avait demandé des nouvelles de l’accouchement, il avait simplement répondu : « Ça va pas trop ». On avait su après pourquoi.

Dès le début du texte, j’ai été saisie par l’envie d’en savoir plus sur ce mystérieux véhicule et son passager, de comprendre ce qu’il faisait là, et surtout, comment il était arrivé là ! J’ai bien apprécié l’ambiance et les mystères qui se tissent et se dévoilent et j’ai globalement bien apprécié ma lecture. J’ai également beaucoup aimé les deux illustrations qui accompagnent les mots !
Toutefois, cette histoire aborde le voyage dans le temps et j’ai eu un peu de mal à m’y retrouver et à tout comprendre. C’est cependant extrêmement personnel étant donné que je peu familière de cet aspect-là et de ses mécanismes. J’ai donc pu passer à côté des éléments habituels qui m’auraient permis de mieux m’y retrouver.

Trois corbeaux gris

Plumes et pinceaux (dans l’ordre issu de la revue)
Marie D.
Léonard Bertos (clic site
Nicolas Parisi 
Thomas Pinaire 
Lam (clic facebook)
Lancelot Sablon (clic site

Une vieille légende, un conte oublié, une mémoire perdue… Voici ce qu’est devenue l’histoire des trois corbeaux gris.

Un texte que j’ai également beaucoup apprécié ! Malheureusement (pour moi), je ne vais pas pouvoir vous en dire beaucoup sans divulgâcher le texte…
Cette cinquième création s’ouvre sur une légende, une mémoire du passé. Puis surgit le présent et la grande représentation de Caroline. La soirée devait être inoubliable et elle le sera pour une raison très différente de ce à quoi s’attendait la jeune femme !
Le passé et le présent résonnent, se répondent et s’entremêlent. Les personnages évoluent et se dévoilent pour faire sens, se rencontrer et se (re)découvrir. Et puis il y a la magnifique illustration en camaïeu de nuits qui surgit au détour d’une page ! J’ai regretté de quitter l’atmosphère car j’aurais aimé poursuivre l’exploration de cette résonance ! 
J’ai également regretté la rapidité de la résolution : les éléments s’étaient progressivement mis en place, l’ambiance gagnait en intensité, et la fin m’a paru brutale en comparaison. Elle résout et répond (rapidement) aux questions, elle ouvre sur un à-venir, et j’aurais aimé prolongé ma lecture pour que la résolution prenne davantage son temps.

Le mot de la fin

Je continue d’apprécier les numéros proposés par cette revue et cette association ! Le travail collaboratif réalisé pour ce hors-série est très intéressant et convaincant : mots et images résonnent ensemble et se complètent pour mieux immerger dans ces histoires à 10 ou 12 mains. J’ai donc globalement bien aimé ce numéro et, comme d’habitude, j’ai plus particulièrement apprécié certaines créations (Les émissaires et Trois corbeaux gris, pour ne pas les nommer).

J’ai par ailleurs remarqué que le faune qui erre à travers les pages de la revue semble se diriger vers le début de la revue (et non vers la fin), peut-être pour inciter à une relecture…

Êtes-vous amateur.ice.s de textes courts ?

À bientôt,
Marine

2 réflexions au sujet de “📚⎜HS1 – La revue des Cent Papiers du Faune”

  1. Psst ! Je ne voudrais pas jouer les rabat-joie, mais j’ai participé moi aussi à la nouvelle « Quand je pense au petit peuple » 🙂

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