Chroniques, revue littéraire

📚⎜ Errance – Revue des Cent Papiers n°1

Bonjour à tous,

Un article un peu particulier à écrire puisque c’est la première fois que je chronique une revue accueillant plusieurs nouvelles.
Afin de vous en parler au mieux et d’éviter que la chronique ne soit trop longue, je vous proposerai une présentation générale de la revue suivie d’avis plus spécifiques sur les nouvelles qui m’ont plus particulièrement marquée.
Je remercie la Revue des Cent Papiers de m’avoir proposé de découvrir leur travail.

Nom de la revue : La Revue des Cent Papiers – La Revue du Faune
Numéro 1 / Errance
(Leur site)

Mon avis général
Cette revue propose 15 nouvelles, 10 illustrations et un focus sur un groupe musical lié à une seizième nouvelle, Magoyond (leur site).

Ce numéro est une belle découverte !
Les récits choisis m’ont globalement plu, certains plus que d’autres. J’ai identifié deux thèmes secondaires récurrents qui se dégagent de plusieurs textes : une rage de vivre et la présence d’une nature puissante.
Errance initiaque, exil volontaire, errance sans buts ni objectifs, quête de la dernière chance, soif de vivre, errance seul ou à plusieurs,… L’errance a de multiples facettes que la Revue des Cents Papiers permet de découvrir à travers des mondes et des plumes variés.

Les illustrations sont également diversifiées par les thèmes, les styles et les atmosphères qu’elles donnent à voir. Elles se présentent non comme une illustration de l’un des textes, mais comme une représentation d’une errance différente et complémentaire de celles proposées par les nouvelles.
J’ai plus particulièrement préféré : Errance in exploration of a new world de Rémy A. S. Diaz, Gwishin de Kitel et Lumnia de Lam.

J’ai bien aimé la manière de raconter le groupe de musique Magoyond via une histoire avant de proposer une présentation plus classique de leur univers.
Cela m’a rendu curieuse de découvrir leur musique.

J’ai également apprécié le travail de mise en page de la revue : le faune parcourt  chaque page de son pas léger et une arabesque vient souligner les titres des nouvelles.

Un petit mot sur les nouvelles qui m’ont plus particulièrement marquée

Le cadre – Marie Dietrich
Elvide avance en tirant son chariot, accompagnée de son fidèle Liyon. Elvide avance pour accomplir le rituel. Et le cadre dans le chariot lui dispense des conseils parfois douteux…
Il s’agit ici d’une mise en abîme délicate, révélée par une chute qui invite à une seconde lecture, donc je n’en dirai pas beaucoup plus. Le retournement final m’a paru un peu brutal, mais sans ôté au récit sa subtilité.
❝ Le vent soufflait fort à travers les herbes folles. Les branches craquaient et les feuillages sifflaient sous la puissance du blizzard. Mais cela ne suffisait à couvrir le bruit strident des roues du chariot, ni les remontrances qui en émergeaient. ❞

L’Opacité blanche dans la nuit – Ellis Dickson
Un train de nuage passe devant la fenêtre et la narratrice s’élance dans le ciel nocturne.
Un texte superbe ! De la poésie en prose avec un style particulier et délicat qui donne à ressentir toute l’étrangeté et l’ambiguïté du rêve.
❝ Pas de traineau, aucune ombre rouge qui strie le mouvement de grelots imaginaires, mais des wagons de tous les possibles allant, zigzaguant, forçant l’assombrissement à pousser les obscurs sur son passage. ❞

Storlkëll – Alexandre Dulac
Myrgaelle avance sur le glacier avec Yorg et Soren. Rordy a disparu depuis environ trois jours. Ils errent sur le glacier inhospitalier, ils errent dans un infini blanc et glacial. Et Rordy ne réapparait pas.
La plume m’a énormément plu dans la narration (un peu moins dans le style familier des dialogues), elle peint le glacier et son infini, pénètre dans les pensées de Myrgaelle et invite à cheminer, à errer, avec les personnages au coeur de la blanche éclatante… Jusqu’à la chute, atroce.
❝ Le glacier de Storlkëll les écrasait de son étendue sans horizon. Le ciel blanc-gris fusionnait avec les sommets gris-blanc des massifs gelés qui s’étendaient à perte de vue. Nul espoir de plaine ou de beau vallon. À peine quelques plateaux ceints de crevasses avides. ❞

Le Roi des Loups – Tristan Bultiauw
Un étranger entre dans l’auberge et Gamine ne peut réprimer son mépris face à son aspect. Grand-père la rappelle à l’ordre : il ne s’agit pas de n’importe quel vagabond, il s’agit du roi errant de Fosse-aux-Loups. Il commence alors le récit de la vie de cet étrange personnage…
Au début, j’ai été un peu gênée par l’anonymat de Gamine et Grand-Père. Mais c’est justement cet anonymat qui permet aux personnages de s’effacer devant l’histoire du roi errant. Progressivement, le conte entraine les clients de l’auberge et le lecteur vers un royaume lointain… La plume est conteuse et agréable, le récit fluide et entrainant.
❝ Si la moitié de ce que le gitan m’a dit est vrai, nous avons là, à quelques coudées de nous, un véritable héros. Pourtant, l’infortune s’est entichée longtemps du gaillard. On prétend qu’il a été abandonné dans la tourbe d’une sente par son père, fou de chagrin que la naissance du petit l’ait laissé veuf. On dit aussi… ❞

Spectres – Noémie Guilhot
L’enfant erre dans une maison remplie de fantômes et d’autres créatures malfaisantes. Il est seul, ne voit pas d’issue, n’a plus d’espoir.
Un récit (un peu) hermétique, sans espoir et étrangement poétique. Il propose une errance dans un ailleurs et des pensées étranges, un voyage sans fin et sans but, sans explication, coupé de tout référent, une immersion dans l’expérience de l’enfant.
❝ Il était comme un nourrisson pleurant dans le berceau du monde. Il vivait un seul et même instant où il était abandonné de manière continuelle. Son existence n’avait ni début ni fin, elle était seulement vouée à recommencer encore et encore. ❞

Le mot de la fin
Ce premier numéro m’a globalement bien plu, je suis curieuse de découvrir comment va évoluer ce projet.
Concernant la suite, un appel à contributions est en cours pour le deuxième numéro sur le thème « Créatures » et l’association a officialisé son partenariat avec Sea Shepherd Conservation Society (clic) : 2€ sont reversés à cette ONG qui défend les océans pour chaque numéro papier acheté.

À bientôt,
Marine

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SimPlement – simplement.pro

Image d’en-tête réalisée avec Canva, photo de fond prise par mes soins.

Ce livre émane d'un SP

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