Bonjour Ă tous,
Je poursuis ma dĂ©couverte du catalogue des Ăditions LâAlchimiste avec toujours autant de plaisir !
Et un peu de surprise tant AprĂšs le grand blanc propose une expĂ©rience davantage quâun voyageâŠ
Titre : AprĂšs le Grand Blanc
Plume : Virginie DecĆurfeu
Ădition : Ăditions LâAlchimiste (site)
Résumé
Avant, il y avait de tout.
Puis il y a eu le grand blanc, le début du rien.
Elle a cessĂ© de chercher dâautres humains. Elle a trouvĂ© lâHomme. Construit la vie.
Ce matin, il y a une intruse, grande et longiligne. BientĂŽt, il sera temps.
« Je lui avais donnĂ© un seau de pommes, et jâĂ©tais allĂ©e rejoindre mon Autre pour me relier Ă ses rĂȘves.
Cette nuit-lĂ , nous rĂȘvĂąmes dâun chĂąteau dans lequel nous dĂ©couvrions une piĂšce secrĂšte â nous avions fait ce rĂȘve partagĂ© mille fois, mais je lâaimais toujours autant â jâadorais le moment oĂč nous descendions le petit escalier sombre pour ouvrir une trappe de laquelle jaillissait une lumiĂšre Ă©blouissante ; des gloires traversaient les centaines de vitraux colorĂ©s, Ă©voquant la Sainte-Chapelle telle que jâavais pu la voir sur les holopics de mon enfance. »
Mon avis
Subtile et abstrait, court et entrainant, entre rĂ©cit, vie courante et expĂ©rience. AprĂšs le Grand Blanc propose une immersion dans un monde ravagĂ©, dans les pensĂ©es dâune narratrice coupĂ©e de lâhumanitĂ© et Ă lâĂ©coute du monde.
Le monde rĂ©sonne pour qui sait lâĂ©couter, comme la narratrice anonyme qui donne Ă percevoir son monde. On entre dans ses pensĂ©es, dans son quotidien, pour lâaccompagner pendant quelques pages.
Davantage quâun rĂ©cit avec une intrigue claire et facile Ă cerner, il sâagit dâune expĂ©rience sensible, dâune errance sur les pas dâun personnage qui se fraie un chemin Ă travers la vie.
Elle dépeint un monde post-apocalyptique, qui survit aprÚs le Grand Blanc, la catastrophe. Malgré son dénuement, ce monde « nouveau » est décrit avec une certaine poésie. La narratrice résonne au sons de la nature, vibre avec son environnement.
Tout nâest pas expliquĂ©, de lâĂ©mergence du monde, des vies avant et aprĂšs, des technologies dont ils disposent encore. Par exemple, je ne suis pas sĂ»re dâavoir compris comment se partageaient les rĂȘves ou si le langage avait vraiment disparu. Mais cela nâa pas vraiment dâimportance. Dans AprĂšs le Grand Blanc, il ne sâagit pas de comprendre, il sâagit de se laisser porterâŠ
La plume particuliĂšre et dĂ©licate vient prendre le lecteur dans son quotidien pour lâemmener dans celui du personnage, le guider dans les mĂ©andres de pensĂ©es de la narratrice, lâentrainer dans son intimitĂ©, le surprendre et le dĂ©stabiliser. Elle rend les repĂšres flous et sâamuse des attentes.
En trame de fond se glissent, plus ou moins discrĂštement, des rĂ©fĂ©rences Ă lâavant, Ă un monde de consommation Ă outrance, interconnectĂ©, oĂč les technologies dominent le quotidien, oĂč les liens se sont distendus. Avant le Grand Blanc, il y avait tout, lâexcĂšs de tout, et lâanĂ©antissement de la simplicitĂ© et du lien au naturel.
En trame de fond chantent un espoir pour lâavenir et une forme de foi dans lâhumanitĂ©.
Le mot de la fin
Une Ă©trange dĂ©couverte, plaisante et dĂ©stabilisante, plus proche de lâexpĂ©rience que du rĂ©cit. Il faut accepter de se laisser porter pour parvenir Ă entendre la mĂ©lodie des mots.
La narratrice sâest adaptĂ©e Ă ce monde post-apocalyptique et nous en montre la poĂ©sie, entre douceur et solitude, entre vie et dĂ©sert, avec un soupçon dâespoir.
Ă bientĂŽt,
Marine
Image réalisée avec Canva.