Louarra, Menshraï, Mes écrits

Louarra E08 – Toutes les rumeurs meurent un jour

Toutes les rumeurs meurent.
Et deviennent des mythes…

Je ne sors pas, le lendemain.
Ni le jour d’après.
Il pleut.
Hévityä et Xijo ne sont pas là, à l’inverse du vieux conteur.
-Louarra, c’est ça ? demande-t-il en s’asseyant à côté de moi.
-Oui. Et vous ?
-Vérfilô, conteur professionnel.
Je me replonge dans la lettre que j’étais en train d’écrire.
-Tu en penses quoi, de cette rumeur ?
-Je n’étais pas dans la capitale au moment des évènements, j’étais juste curieuse.
-Je vois. Tu en avais déjà entendu parler ?
-Bien sûr ! Comme tout le monde…
C’est vrai, il a été complètement impossible de passer à côté de cette histoire.
-Pourquoi dites-vous que les parents de Vileirö regrette sa mort ?
-Car la soeur cadette de Vileirö, Loynâ, a pris la défense d’Ellounarâ et a également disparu au moments des faits. Ils ont perdu leurs trois enfants avec les frasques de Vileirö et espèrent voir les deux filles leur revenir.
Oui, forcément…
-On ne sait ce qui lui est arrivé ?
-Non. On suppose qu’elle a été tuée, comme Ellounarâ. Deux jeunes filles magnifiques, avec des grandes aptitudes de meitâ…
-Tout ça à cause d’un garçon, je soupire.
-Et oui, le pouvoir et l’amour font faire des choses stupides… Mais je vois que tu es occupée, je vais te laisser…
Il s’éloigne et me laisse seule avec mes pensées.

C’est le soir que les choses se gâtent…
Nous sommes réunis autour du feu, en train d’écouter un jeune conteur s’entrainer lorsqu’ils surgissent.
L’appel retentit dans le souterrain :
-Louarra !
Puis leurs silhouettes se découpent à proximité.
Auréléty et Alizur.
-Je suis là, dis-je en me levant.
Xijo et Hévityä m’accompagnent tandis que je marche à leur rencontre.
-Louarra ! Les dieux soient loués, tu n’as rien ? me demande Auréléty en me serrant contre lui. Tu vas bien?
L’inquiétude dans sa voix a l’air sincère.
-Oui, tout va bien, dis-je en m’écartant de son étreinte. Qu’est-ce que vous faites ici ?
-On est venu te ramener à la maison, répond Alizur.
Je me tourne vers lui.
-Quelle maison, Alizur, quelle maison ?
-Vous pouvez nous laisser ? demande-t-il aux autres.
Les autres me consultent du regard. Ca me fait chaud au coeur. J’acquiesce. Ils s’éloignent. J’entends Auréléty leur demander de lui raconter mes cinq derniers jours.
-Ecoute Louarra, je me doute bien que ça ne doit pas être facile pour toi, mais il faut que tu nous fasses confiance.
-Confiance ?
-Oui, nous pouvons te protéger. Arrêtes de te réfugier à la gare…
-La gare est une solution parfaitement viable ! Je suis la seule à choisir ! Je n’ai pas besoin de ta protection !
-Tu ne peux pas rester seule Louarra, ce serait de la folie.
-Tu n’as pas à te sentir responsable de moi ! Comment as-tu su où me trouver ?
-Auréléty m’a avoué que tu avais disparu quand tu n’es pas venue à notre leçon. La suite n’a pas été difficile à deviner…
Oui, évidement… Je vais devoir trouver un nouveau refuge, à présent…
Auréléty s’approche à nouveau de nous :
-Louarra, tu viens ? Malyra nous attend au QG…
-Tu peux rester si tu veux, tu fais partie de la famille maintenant, me dit Hévityä.
Les yeux de Xijo m’invitent à rester.
Je les regarde, le coeur déchiré.

J’inscris leurs traits dans ma mémoire…

… et je prends la fuite…
J’entends des bruits de pas, je les entends crier mon nom.
Je ne me retourne pas.

Toutes les rumeurs meurent.
Et deviennent des mythes…
La réalité est tellement moins belle et féérique…
J’ai une fois de plus perdu mon foyer.

Et j’ai bien peur que ça soit définitif, cette fois…


Marine Ginot,  02/2018
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