Louarra, Menshraï, Mes écrits

Louarra E17 – Le danger et la peur dansent dans mes veines.

Le danger et la peur dansent dans mes veines.
Alliés fidèles. 

Auréléty a insisté pour que j’aille à la gare le lendemain. Xijo et Hévityä sont venus les voir à plusieurs reprises pour avoir de mes nouvelles. Cela m’étonne. Elroy n’aime pas que les membres de la bande se mélangent avec les autres et ceux de la gare évitent d’approcher les bandes constituées.
Alizur nous accompagne.
Je ne sais pas vraiment comment le prendre.
J’aurais préféré partir en courant…
Auréléty doit sentir la réticence qui monte en moi car il prend ma main. Cela devrait me donner encore plus envie de fuir. Mais c’est réconfortant.
Il faut vraiment que je m’en aille le plus vite et le plus loin possible…
Quelque part où je ne les mettrais plus en danger.

– Louarra, c’est toi ? demande Hévityä. Tu as encore changé de tête ?
C’est Auréléty et Alizur qu’elle a reconnu.
– Louarra !
La voix de Xijo précède de peu son arrivée. Il me saute dessus et m’engloutit dans une étreinte. Je tente de me dégager.
– Non non, refuse-t-il. Le câlin sera ta punition pour être partie sans rien dire.
Je croise le regard amusé d’Auréléty.
– Vous avez fini par la retrouver, alors, chuchote Hévityä. On s’est inquiété pour toi, Louarra. Qu’est-ce qui t’a pris de disparaître comme ça ?
– Il fallait que je m’en aille.
– Tu répètes ça depuis qu’on t’a rencontré, mais tu n’y arrives pas, constate Xijo avec un soupçon d’amusement. Qu’est-ce qui t’en empêche ?
J’ai l’impression d’affronter un tribunal. Ils me regardent tous. Ils me jugent. Ils veulent me comprendre. Et il y a cet éclat de compréhension dans les yeux d’Alizur. Exactement ce que j’essaie d’éviter.
– Je vais repartir. Loin et pour toujours.
– Pourquoi ? demande Auréléty.
– On me cherche.
– Ça, c’est sûr, confirme Xijo. Un fou furieux borgne interroge tout le monde depuis deux jours pour te retrouver…
Alizur et Auréléty échangent un regard entendu.
– Il faudrait peut-être que tu perdes l’habitude de fausser compagnie aux gens qui essaient de te protéger, s’exclame Auréléty en riant.
Même Alizur ébauche un sourire. Et moi aussi, peut-être.
– Maintenant, vous allez pouvoir arrêter de me courir après. Un soucis de moins.
– Tu n’es pas un soucis ! proteste Auréléty. Tu es notre famille. Tu es en sécurité depuis quatre ans avec nous.
– Il faut que je disparaisse, maintenant.
Ils se taisent.

– Tu es beaucoup trop indépendante pour ton propre bien.
Sa voix surgit de nulle part.
– Le borgne flippant dont je parlais tout à l’heure…, soupire Xijo.
Ëzil sort de l’ombre. Il ne manquait plus que ça…

Le danger et la peur dansent dans mes veines.
Alliés fidèles.
Ils m’ont gardé en vie et m’ont protégé.
Je commence à redouter qu’ils ne suffisent plus.
Ils ont attiré vers moi des âmes courageuses qui veulent me protéger.
Mais c’est à moi de le faire.
Un visage s’impose brièvement à mes pensées, comme un mirage. Le visage de l’amour qui résonne en illuminant le monde.


Marine Ginot, 06/2018
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