sèpti, le 18ème jour d’ima
Minja
Cher journal,
Cela fait déjà trois jours que je suis à la maison. Comme prévu, l’ambiance est animée et souvent électrique. Toute la fratrie est là et ma mère en a profité pour rameuter une partie des cousins qui habitent à proximité. Au cas où j’aurais oublié pourquoi je préfère l’atmosphère calme de l’Archipel de Ney…
Je suis perdue dans l’immense bibliothèque familiale lorsque j’entends le premier cri. Théa. Minja est une ville moyenne à proximité des côtes, elle n’a rien de particulièrement attractif. Je me précipite à la fenêtre et je les reconnais. Enfin plus ou moins. Une Théa terrifiée est maintenue immobile par l’armée pointée sur sa tempe et un membre masqué de la Guilde. Que viennent faire des soldats de la Guilde par ici ? C’est un groupe d’activistes humains qui s’en prend aux hinoatts et aux kérimis au nom d’une soi-disant supériorité mâtinée de peur et de haine. Minja est proche de la mer, et donc des hinoatts, mais nous avons toujours eu de bonnes relations avec eux… Et la Guilde n’attaque jamais d’humains, d’habitude… Des larmes roulent sur les joues de ma soeur mais je ne comprends pas ce qu’elle dit.
Mon père pénètre alors dans la pièce. Je lis de la peur dans ses yeux, mais surtout une détermination farouche.
-Que fais-tu là, Enora ? Va au refuge. Tout de suite.
-Qu’est-ce qui se passe ?
-Mets-toi à l’abri, c’est tout.
Ça ne sert à rien de discuter quand il est dans cet état de nervosité. Je quitte la pièce, mais reste juste derrière la porte. Je le vois farfouiller dans les étagères en grommelant de manière incompréhensible. Théa crie à nouveau, comme d’autres dont je n’identifie pas la voix.
-Où est le rouleau ? demande une voix hargneuse. Nous savons que vous l’avez, traîtres !
Je n’ai jamais entendu parlé d’un rouleau. Que s’est-il passé pendant mon absence ?
J’entends ma mère implorer leur pitié, dire qu’elle ne sait pas de quoi ils parlent, que nous n’avons aucun rouleau. L’autre ne veut rien entendre.
La porte d’entrée est fracassée et je bats en retraite dans les étages. Le refuge se trouve au deuxième, une pièce secrète dans laquelle se trouve déjà ma plus jeune soeur. Elle se blottit contre moi et je l’enlace distraitement. Tous mes sens se concentrent sur ce qui se passe de l’autre côté. Je ne perçois pas grand chose. La maison est fouillée, il y a des cris, nombreux, de peur plus que de douleur. Il n’y a pas cette rage qui m’avait sauté à la gorge lors de l’attaque des pirates, sur le bateau. Je voudrais sortir, savoir, faire quelque chose, mais je ne peux pas laisser Hélie seule. Je prends mon mal en patience.
J’ai l’impression que des heures s’écoulent avant que mon père n’ouvre la porte du refuge.
-Ils sont partis.
-Qu’est-ce qu’ils voulaient ?
Il esquive mon regard un bref instant.
-C’était une erreur, Enora. On leur a donné une fausse information.
Il me cache quelque chose, je le sens, mais je n’insiste pas. Hélie quitte mon étreinte pour se précipiter dans celle de mon père. Dans la cuisine, ma mère est en train de soigner le bras de Théa en chantant doucement une berceuse, comme lorsqu’on était petite. Je m’aperçois qu’ils sont plusieurs à avoir été légèrement blessés. Je me plante à côté de ma mère pour lui demander des explications.
-Ne t’en fais pas, Enora. La Guilde a multiplié les actions, ces derniers temps. En réaction aux activités de la Fraternité et de la Confédération. Nous attaquer, c’est une sorte d’entrainement, d’après Kyle.
Le père de Lucien, un sympathisant occasionnel de la Guilde. J’acquiesce.
Il se passe quelque chose, ici, cher journal, j’ignore quoi et je vais tirer ça au clair.
Marine Ginot, 11/2018
Tous droits réservés
je pense au journal d’Anne Frank….
Bon dimanche Marine G
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