Chroniques, Littératures frissonnantes

📚⎜ Wild Dandy Boy – D. K. Travis

Bonjour Ă  tous,

Une histoire surprenante, hachĂ©e, prenante, originale : Wild Dandy Boy propose une exploration mentale d’un vĂ©cu particulier, un panorama de l’intimitĂ© d’un narrateur perturbant.
Je remercie vivement SĂ©ma Ă©ditions de m’avoir proposĂ© de dĂ©couvrir ce roman.

Titre : Wild Dandy Boy
Plume : Daph K. Travis
Édition : SĂ©ma Éditions (clic)
Pinceau de couverture : 2LI (clic)

Résumé
Cavannah Rainbow brille sous les projecteurs et les flashs des appareils photos, sa peau blanche attire les regards et le magnĂ©tisme de ses yeux roses finit d’intriguer et de sĂ©duire les plus mĂ©fiants. Cavannah brille de son aura de mannequin albinos cĂ©lĂšbre.
Dans son ombre se trouve Dimitri, frĂšre jumeau et double malĂ©fique, jaloux et discret, terriblement discret. Et terriblement prĂ©sent et voyeur, prĂȘt Ă  tout, toujours derriĂšre Cavannah.
Les deux frĂšres se fuient et se cherchent, s’affrontent et se trompent, se hantent et se complĂštent. Deux figures d’une histoire qui se dĂ©voile peu Ă  peu, qui se fissure peu Ă  peu


❝ Un de ces innombrables inconnus qui peuplent les gares se dĂ©cide Ă  venir me demander un autographe. Je le lui signe avec un automatisme courtois, presque charitable. Nous faisons connaissance, mais ce n’est pas la naissance d’une amitiĂ©.Puis il s’en va. Dans l’autographe, je n’ai pas Ă©crit « amitiĂ© Â» au singulier, mais au pluriel, c’est lĂ  toute la nuance. Quand on donne plusieurs amitiĂ©s Ă  une personne, elles s’entre-annihilent. Les amitiĂ©s passent, l’amitiĂ© dure. J’ai toujours pris garde Ă  ne pas Ă©crire ce mot au singulier. Sait-on jamais dans quelle galĂšre une faute d’orthographe peut t’embarquer. ❞

Mon avis
Fluide, entrainant, déstabilisant, terrible, dérangeant, à fleur de peau.
Des mots qui s’impliquent aussi bien au roman qu’aux personnages


Cavannah s’anime par les mots et les silences. Il habite la ville avec force, s’entoure de son reflet, brille et scintille, incarne le rĂȘve de la cĂ©lĂ©britĂ©.
Puis il y a l’accident. Un accident qui fait vaciller ses certitudes et rĂ©veille ses peurs et ses dĂ©mons, une incomprĂ©hension premiĂšre qui s’efface sous le poids de la rĂ©alitĂ©. SĂ»r de lui et fragile, hantĂ©, Ă©gocentrĂ©, cynique, Cavannah se dĂ©voile, entre expĂ©riences rĂ©elles et  Ă©motions fortes qui s’emparent de lui.
Dimitri remue le couteau dans la plaie, soigneusement, douloureusement, amoureusement, tapi dans l’ombre de la vie de Cavannah, dans l’ombre de la ville qu’ils hantent tous les deux.
La façade minutieusement créée pour le public commence à se fissurer, et, sous le stress, Cavannah semble perdre ses repÚres.

Les pages se tournent. La voix de Cavannah prend toute la place dans une narration qui alterne entre journal intime, troisiùme personne et premiùre personne. Parfois, fugitivement, Dimitri sort de l’ombre et intervient directement.
Fluide et entrainante par les faits, hachĂ©e par les pensĂ©es, la narration nous plonge dans ce combat entre deux frĂšres, deux figures d’une mĂȘme histoire, d’un mĂȘme passĂ©. Les scĂšnes s’embrouillent, se tĂ©lescopent, s’imposent et dĂ©rangent, s’emmĂȘlent, frĂŽle les rĂȘves et les cauchemars, les dĂ©sirs envahissent les pensĂ©es et peu Ă  peu, font perdre de vue qui parle.

La plume m’a complĂštement entraĂźnĂ©e : je voulais savoir la suite, je voulais comprendre, saisir les enchainements, discerner un schĂ©ma et peut-ĂȘtre anticiper un fait Ă  venir.
Mais la plume m’a entrainĂ©e sur son chemin, dans la tĂȘte des personnages, m’a fait oublier que c’est eux qui parlaient et pas elle, m’a induite en erreur, m’a propulsĂ© dans le coeur d’une vie en suspension, prĂȘte Ă  basculer, dĂ©sireuse de basculer, d’une noirceur dĂ©vorante, d’une douleur refoulĂ©e, d’une colĂšre aveuglante.
Tout s’entremĂȘle, guide la comprĂ©hension, fissure les certitudes, pour finir par dĂ©tourner complĂštement la perception de la rĂ©alitĂ© des personnages. Les frontiĂšres sont brouillĂ©es avec adresse, les limites s’anĂ©antissent dans la tĂȘte des personnages, et j’ai finis par oublier la dĂ©finition rationnelle de la rĂ©alitĂ©.

Le mot de la fin
J’ai apprĂ©ciĂ© cette lecture : elle m’a sorti de ma zone de confort, retournĂ© le cerveau, allĂšgrement manipulĂ©, pour finir par suggĂ©rer des rĂ©ponses plutĂŽt que de les affirmer. Ce qui est parfaitement cohĂ©rent avec le mode de narration Ă  l’intĂ©rieur de la tĂȘte des personnages qui brouillent soigneusement les frontiĂšres pour mieux les franchir ensuite.

À bientît,
Marine

Image d’en-tĂȘte rĂ©alisĂ©e avec Canva.

Ce livre émane d'un SP