Bonjour Ă tous,
Jâai poursuivi mon exploration du catalogue de Marathon Ăditions avec La derniĂšre vision de MaĂ€ et je remercie lâĂ©ditrice de mâen avoir proposĂ© la lecture.
Une lecture un peu en demi-teinte, sombre, intrigante, entre espoir et résignation, qui évoque la construction de soi et du monde.
Titre : La derniÚre vision de MaÀ
Plume : Laurent Salipante
Ădition : Marathon Ăditions (clic)
Pinceau de couverture : Chez CLM – Leila Bouslama (clic)
Résumé
Depuis quelques temps, le doute sâinfiltre dans les pensĂ©es dâAnzy. Un doute terrible, renforcĂ© par les paroles des amis et les convictions vacillantes des adultes. Anzy doute de MaĂ€, de leur errance, de ce quâon lui a dit. Alors, pour rassurer son fils, Edena lui raconte Ă nouveau, comme quand il Ă©tait petit, lâhistoire de MaĂ€, celle qui est nĂ©e du corps dâune femme et a changĂ© le destin de lâhumanitĂ©âŠ
â Varu avait Ă©tĂ© celui que je prĂ©fĂ©rais quand jâĂ©tais petite, avant quâil ne porte la barbe. Bien que je sois nĂ©e du ventre dâune femme, il se montrait toujours bienveillant avec moi, et nâĂ©voquait jamais ma diffĂ©rence. Je me souviens quâil mâemmenait en promenade sur son cheval et quâil me racontait des histoires, le soir, Ă la lueur des bougies. CâĂ©tait quelquâun de bien, Varu. Puis lâĂąge adulte Ă©tait venu et jâavais senti ses sentiments progressivement changer, passer de lâinnocence Ă la mĂ©fiance, de lâamour Ă la haine. Le Varu que jâavais admirĂ© nâexistait plus. Maintenant, il buvait et frappait comme Mika, et comme notre pĂšre. Il avait appris de notre grand frĂšre comme se comporter en vĂ©ritable homme dans le Moab. [âŠ]
Mon frĂšre se tenait droit, trĂšs fier, et promenait son regard autour de lui en levant la chose au-dessus de sa tĂȘte comme un sceptre redoutable. Ses yeux sâarrĂȘtĂšrent sur moi, se plissĂšrent, dâun air de dire que câĂ©tait lui le chef maintenant quâil dĂ©tenait cet Ă©trange instrument. â
Mon avis
Globalement, une lecture en demi-teinte. Lâunivers est trĂšs sombre, presque oppressant, mais il sâincarne avec force au fil des pages, au fur et Ă mesure du cheminement de MaĂ€, et la narration pousse en avant, sur les traces de cette jeune fille Ă la naissance si particuliĂšre.
La foi en MaĂ€ guide Anzy, ses parents et leurs proches, guide leur errance, influe sur leur vie, dessine leur sociĂ©tĂ©, raconte leurs origines…
MaĂ€ voit le jour dans un univers sombre, dur, sourd aux autres. Les rats pullulent, les mi-hommes sont rĂ©duits en esclavage, les hommes dominent les femmes et les Seigneurs du Domaine les dominent tous. LâatmosphĂšre est trĂšs particuliĂšre, parfois oppressante, avec une peur et une violence omniprĂ©sentes renforcĂ©es par les attaques du Tantacle contre lâhumanitĂ©, et notamment contre la grande ville.
Cette noirceur du monde et des personnages (Ă quelques exceptions prĂšs), mâa tantĂŽt intriguĂ©e et entrainĂ©e, tantĂŽt rebutĂ©e, notamment quand la violence envers les mi-hommes et MaĂ€, personnages considĂ©rĂ©s comme infĂ©rieurs, est dâune cruautĂ© extrĂȘme. NĂ©anmoins, lâamorce par Edena et lâenvie de comprendre cet environnement et de faire le lien avec la situation dâAnzy mâont conduite Ă poursuivre ma lecture.
Dans cet univers oĂč chacun nait de Maman, MaĂ€ est une fille naturelle, nĂ©e du ventre dâune femme, ce qui en fait dĂ©jĂ une Ă©trangetĂ© Ă la limite de lâanomalie. Ă cela sâajoute un don unique : son extraordinaire empathie, sa capacitĂ© Ă ressentir les Ă©motions et revivre les souvenirs de ceux qui lâentourent. Sa sensibilitĂ© prend de lâampleur au fil des pages, lui permettant progressivement de comprendre ce monde qui lâa vu naĂźtre et ce quâabrite le coeur des hommes. Peu Ă peu, Ă travers son regard, ce monde cruel gagne une Ăąme, une flamme dâespoir, terriblement proche des tĂ©nĂšbres de la haine et du mĂ©pris, et les Ă©preuves font grandir MaĂ€ et Ă©voluer sa perception des choses.
Douleur, naĂŻvetĂ©, cruautĂ©, fraĂźcheur, confiance, foi, violence, mĂ©pris, rĂ©signation et haine prennent coeur dans les personnages qui lâentourent. Violents, impitoyables, cruels, doux, affectueux, adjuvants, individuel ou foule anonyme, ils sâincarnent, agissent, bafouent, guident, violentent, aident, trahissent. InĂ©galement subtils, ils tĂ©moignent dâune humanitĂ© qui a perdu le sens de la violence, guidĂ© par un instinct de domination et une volontĂ© de puissance.
La plume est fluide, immergée dans le point de vue de MaÀ, ce qui permet à la fois de comprendre son évolution et son rapport à la « normalité » de son monde.
Ătant personnellement souvent moins facilement entrainĂ©e par les narrations Ă la premiĂšre personne, jâai eu initialement un peu de mal Ă entrer dans le rĂ©cit de cette jeune fille. Mais peu Ă peu, lâenvie de savoir la suite, lâespoir que la noirceur ne domine pas complĂštement et lâenvie de comprendre la jonction avec la situation dâAnzy mâont entrainĂ©e, dâĂ©preuves en dĂ©couvertes, jusquâĂ la rĂ©vĂ©lation finale.
Le mot de la fin
Il mâa fallu plusieurs chapitres avant de pĂ©nĂ©trer dans cette histoire, un peu trop de violente noirceur et dâomniprĂ©sente cruautĂ© Ă mon goĂ»t. Je me suis laissĂ©e entrainĂ©e sur le chemin du possible, mĂȘme si cette lecture reste en demi-teintes.
Lâunivers proposĂ© par Laurent Salipante est fort, marquĂ©, marquant, en nuances de sombre sur les traces dâun possible Ă©clat dâespoir. Au fil des pages et des Ă©preuves, MaĂ€ grandit et ouvre dâautres yeux sur ce monde qui lâa vu naĂźtre. Son cheminement interroge le monde et explore un autre possible, redonnant un sens Ă lâerrance de ceux qui croit en elle.
Ă bientĂŽt,
Marine
Image réalisée avec Canva.
Merci à vous pour ce commentaire que je trouve trÚs juste et particuliÚrement bien écrit.
L. Salipante
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Merci Ă vous
Marine
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