Chroniques, Littératures de l'imaginaire

📚⎜ Code Gaïa –P.-E. Malod

Bonjour à tous !

J’ai récemment achevé Code Gaïa, une lecture inégale, un peu mitigée, intéressante et ancrée dans les enjeux environnementaux.
Je remercie les éditions L’Alchimiste de m’en avoir proposé la lecture.

Titre : Code Gaïa
Plume : Pierre-Emmanuel Malod
Édition : Éditions L’Alchimiste

Résumé
Un industriel a été enlevé. Les ravisseurs n’ont qu’une exigence : la participation de Gad Lewis, un jeune océanographe inconnu, à une émission télévisée.
Une femme a également disparu, la femme d’un scientifique connu et la soeur de Nergüi Sensar, chef de la police nationale de Mongolie. Pour accroitre la pression.
Anna et Will sont les deux policiers chargés de cette étrange enquête aux ramifications internationales. Ils se retrouvent plongés dans un jeu de piste international, entre enjeux politiques et revendications codés…

❝ – […] Mon père m’emmenait souvent pêcher, dans les rivières de la vallée de l’Isère comme dans les lacs et les torrents alpins. C’était un moyen pour moi de prolonger quelque chose qu’on partageait tous les deux. Et puis j’adorais ça. C’est comme ça que j’en suis arrivé à me prendre de passion pour l’eau, les mers, les océans. Et enfin aux baleines. Par rapport à ce qui nous intéresse, les baleines ont souvent l’estomac rempli de plastique. Elles aspirent de nombreux micros débris de plastique de moins de 5 mm qui s’installent dans leur organisme et peuvent causer des dégâts terribles pour leur santé. Elles se mettent à avoir du mal pour respirer, ont des occlusions intestinales (lorsque les déchets sont plus gros comme les sacs en plastique), des pertes de mobilité, et même des mutations génétiques et des cancers – quand ce n’est pas de la radioactivité, surtout suite aux effets de la catastrophe de Fukushima, au Japon – comme pour le LAM de mon père, qui peut entraîner une mutation du gène FLT3, ce qui aggrave le pronostic vital. J’ai découvert ça presque par hasard. FLT3… impossible de se souvenir d’un nom pareil si cela n’a pas tué quelqu’un de votre famille. ❞

Mon avis
Une lecture inégale quoique globalement entrainante, intéressante quoique mitigée.

Il m’a fallu presque un demi livre pour comprendre ce qui me coupait parfois dans ma lecture : j’avais l’impression que le récit était au service des idées, et je préfère lorsque c’est l’inverse. Autrement dit, j’avais davantage l’impression de lire des explications et des discours/prises de position que de lire une histoire. Personnellement, je préfère quand on me raconte une histoire que quand on me l’explique.
Ce qui n’enlève rien à la précision des informations et des raisonnements présentés. Grâce à ce livre, j’ai découvert beaucoup de choses liés à l’environnement, aux espaces marins, aux baleines et de nombreux faits liés aux enjeux écologiques. Le roman replace les éléments, faits et enjeux environnementaux dans leur contexte, dans la durée, introduit les débats, présente les acteurs et les courants, les mesures et décisions prises au fil des années et des sommets internationaux.

La narration alterne entre des parties narratives, au coeur de l’intrigue, et des passages qui détaillent avec soin et détails les raisonnements et faits liés à l’environnement, au coeur des idées que transmettent le livre.
L’intrigue est entrainante. Au début, l’enquête d’Anna et Will piétine, tourne en rond, se perd dans les méandres des références, tente de comprendre le jeux de piste mondial créé par les ravisseurs à leur attention. Petit à petit, les noeuds se dénouent, les éléments disparates s’imbriquent et s’éclairent, les références font sens… Gad l’océanographe les aide sans trop comprendre pourquoi il a été choisi pour participer à cette opération entre enlèvements et débats télévisés. Combats d’opinions, combats idéologiques, combats pour la préservation de l’environnement et actes revendicateurs et violents s’entremêlent, s’entrecroisent, se racontent et s’expliquent.
Le rythme est inégale du fait des pauses explicatives, mais le rythme de l’intrigue et des découvertes est bon et m’a donné envie de connaître le dénouement, les réponses, à l’enquête en cours.
Léger bémol : il y a de nombreuses référence à la découverte de cristaux dans le désert une quinzaine d’années et je regrette de ne pas en savoir plus à ce sujet car je n’ai pas compris en quoi cela avait été révolutionnaire, ni ce que cela avait apporté à l’intrigue du roman.

J’ai inégalement accroché avec les personnages. Leur introduction est très dense. De très nombreux personnages sont introduits très rapidement, de manière exhaustive, et je n’avais pas le temps d’en identifier un avec clarté que j’en découvrais déjà un autre et toute son histoire. Puis, au fil des pages, j’ai fini par m’attacher à certains d’entre eux.
Gad a un côté naïf/optimiste et frais qui m’a plu, tout comme le réalisme teinté de défaitisme de son oncle. Tous deux ont une vision du monde riche, réaliste, sensible, issu de l’enseignement des Navajos (les Dineh de leur vrai nom).
J’ai moins apprécié les deux policiers dont le comportement est parfois proche du stéréotype, notamment le positionnement et les réflexions souvent lourdes de Will.
Tous les personnages ont des positionnements et des convictions fortes, marquées, qu’ils défendent avec vigueur (et plus ou moins dans un état d’esprit constructif), ce qui permet des débats d’opinions qui creusent les sujets.

Le mot de la fin
Une lecture instructive, didactique, intéressante, mais trop explicative pour un roman à mon goût. La narration s’efface parfois pour laisser toute la place à un raisonnement ou une explication sur un enjeux environnemental. Les discours et les explications sont travaillés, détaillés, approfondis.
En parallèle de toutes ces informations, l’enquête est bien construite et intrigante, les références résonnent entre elle et les enquêteurs doivent résoudre un puzzle complexe pour éviter la catastrophe…

Connaissez-vous ce roman ?

À bientôt,
Marine

Image réalisée avec Canva.

Ce livre émane d'un SP

2 réflexions au sujet de “📚⎜ Code Gaïa –P.-E. Malod”

  1. Bonjour,
    Merci pour cette critique et bien content que l’intrigue vous ait plu.
    Je suis assez d’accord avec vous sur le fait que les idées doivent servir l’histoire. C’est ce que je fais la plupart du temps. Mais pour cette histoire il fallait que je me place dans la perspective de Hegel qui dit que c’est l’Histoire qui fait les idées et non les idées qui font l’Histoire.
    Pour les cristaux, je comprends aussi votre perplexité. Ils viennent du premier roman où le personnage de Len Lewis apparaît. Je les fais apparaître dans celui-ci à dessein car à la fin de Code Gaïa, on propose à Gad d’utiliser sa science concernant les sons des baleines pour voir si cela peut aider à percer leurs secrets. Les cristaux reviendront dans la troisième histoire où ils trouveront enfin une utilisation concrète…
    Bien à vous,
    PE MALOD

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