Enora, Mes écrits

Enora E16 – La découverte

Précédemment : la famille d’Enora se remet doucement de l’attaque de la Guilde sur leur maison. La jeune fille essaie d’accompagner Théa, mais cette dernière s’est muré dans un silence indescriptible. Jusqu’à ce qu’une sortie dans la campagne la fasse légèrement sortir de son mutisme : elle a déjà entendu parler d’un rouleau…

deuzi, le 23ème jour d’ima
Minja

Cher journal,

Cela vire à l’obsession.
Théa et moi avons écumé la bibliothèque familiale et commencé l’étude de celle de la ville. Nous cherchons plus d’informations sur le rouleau, mais personne ne semble disposé à nous éclairer… Jusqu’au bibliothécaire dont le visage s’est brutalement fermé lorsque nous l’avons interrogé.
Les petits ont retrouvé le sourire et ma mère sa routine.
Le comportement de mon père reste toujours aussi inexplicable… Il marmonne et nous ordonne d’oublier cette histoire de rouleau. Il dit que c’est n’importe quoi. Une erreur.
Ce qui, forcément, renforce notre détermination. Nos recherches sont la seule manière de sortir Théa de sa léthargie. Pelotonnée dans l’un des fauteuils de la bibliothèque familiale, elle lisait un poussiéreux traité d’histoire tandis que je faisais une petite pause après avoir rangé un recueil de mythes des lenjols.
– Enora ! Viens voir !
Le son de sa voix m’a immédiatement sorti de l’écriture et je me suis précipitée vers elle. Elle m’a tendu le livre en m’indiquant un paragraphe. J’ai lu en silence, mes yeux glissaient vers l’illustration. Et j’ai immédiatement compris pourquoi elle m’avait appelé. Le livre parle d’un parchemin et d’une antique légende sur les cycles du monde. Le reste est trop abîmé pour être déchiffrable. Mais c’est l’illustration qui donne toute sa valeur à la découverte de Théa : une image de parchemin recouverte des symboles des trois organisations qui se font la guerre. Plus un autre symbole qui me semble vaguement familier.
Théa et moi avons échangé un regard.
– Il faut en savoir plus, a-t-elle fini par lâcher.
– Je me renseignerai dès que je serais de retour sur l’Archipel. La bibliothèque de Neylis est bien plus complète que ce que je pourrais trouver ici.
Mais cela ne lui suffit pas, je l’ai vu au regard qu’elle m’a lancé. Elle s’est replongée dans sa lecture, comme si ma réponse était une trahison. Je ne la comprends plus.
J’ai quitté la bibliothèque sur la pointe des pieds.

Hélie était dans la cuisine, concentrée sur un cahier et un livre. Elle ne m’a pas entendu quitter la maison.
Dans le jardin, les jumeaux m’ont fait un signe. Je leur ai indiqué que je reviendrai pour le diner. Au plus tard.

Les parents de Lucien n’habitent pas loin.
Kyle m’a ouvert dès que j’ai toqué à leur porte.
– Enora ! Quel plaisir ! Comment vas-tu ? Et ta famille ? Entre !
Je l’ai suivi à l’intérieur de la maison.
– Excuse le désordre.
J’ai hoché la tête et l’ai laissé me conduire jusqu’au salon où sa femme a apporté des jus de fruits. Nous avons bu en silence. Je connais leur maison presque aussi bien que la mienne. Et depuis l’attaque, je me sens plus tranquille chez eux. Ils ont attendu que je prenne la parole.
– Kyle, as-tu déjà entendu parler d’un rouleau ?
Je l’ai vu se tendre et il y a eu une intensité nouvelle dans son regard. Sa femme s’est désintéressée de la conversation en entendant ma question.
– Un rouleau ? Non, je ne crois pas.
Il ment. Je l’ai lu dans la tension de son visage et dans ses yeux devenus fuyants. À son intonation, j’ai aussi su que cela ne servirait à rien d’insister. Il faudra que je cherche des réponses ailleurs…
Je suis restée plus d’une heure avec eux et j’ai rassasié leur curiosité sur l’archipel de Ney et les études de Lucien (du moins ce que j’en ai compris…).
L’après-midi s’est achevé calmement. Je dois rentrer. J’ai des bagages à faire.


Marine Ginot, 02/2019
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