Bonjour Ă tous,
La Revue des Cents Papiers du Faune mâa proposĂ© de dĂ©couvrir leur deuxiĂšme numĂ©ro, CrĂ©atures, que jâai bien apprĂ©ciĂ©.
Afin de vous en parler au mieux et dâĂ©viter que la chronique ne soit trop longue, je vous proposerai une prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale de la revue suivie dâavis plus spĂ©cifiques sur les nouvelles qui mâont plus particuliĂšrement marquĂ©e.
Pour dĂ©couvrir le numĂ©ro 1, c’est par lĂ !
Nom de la revue : La Revue des Cents Papiers du Faune â Arts et LittĂ©ratures dâOutre-Mondes
Numéro 2 / Créatures
(Leur site)
Mon avis général
Ce numéro propose 17 nouvelles et 11 illustrations.
Ce numéro est un bon moment de lecture !
Les rĂ©cits sĂ©lectionnĂ©s mâont globalement plu, certains plus que dâautres. Nature puissante, crĂ©atures Ă©tonnantes, vie et mort, espoir et soif de vie se dĂ©gage de ce numĂ©ro.
BĂ©nĂ©fiques, malĂ©fiques, surgissant dans le quotidien, rĂ©elles, lĂ©gendaires, terrestres, aĂ©riennes, maritimes ou extra-terrestres, les crĂ©atures surgissent, se dĂ©voilent, hantent, inspirent,âŠ
Les illustrations sont diversifiĂ©es par les ĂȘtres, les styles et les atmosphĂšres quâelles donnent Ă dĂ©couvrir. Elles proposent de dĂ©couvrir de nouvelles crĂ©atures issues dâautres environnement.
Jâai plus particuliĂšrement prĂ©fĂ©rĂ© : Voraz Conjura dâAdrien Ramos, Lâarpenteur de Patrick Fontaine, Le pays des monstres de Petit Caillou, Abaddon de Nathan Colot, et Papy Carotte de Lam.
JâapprĂ©cie toujours le travail de mise en page de la revue : le faune parcourt chaque page de son pas lĂ©ger et une arabesque vient souligner les titres des nouvelles.
Un petit mot sur les nouvelles qui mâont plus particuliĂšrement marquĂ©e
Des Fleurs et des Mots â Nicolas Parisi
CâĂ©tait un cerisier bleu. Je ne sais plus comment jâai appris son existence, mais il a hantĂ© mes pensĂ©es jusquâau jour oĂč jâai dĂ©cidĂ© dâaller le voir.
Cependant, en arrivant au pied du cerisier, il nâest pas seul. Une rencontre inattendue et littĂ©raire lâattend⊠Au fil des pages, un dialogue surprenant se tisse et offre deux regards sur le monde.
â Ăa nâĂ©tait pas un homme. Ăa nâĂ©tait pas une femme.
CâĂ©tait des livres. Des ouvrages vieillis, racornis ramassĂ©s en une plĂ©iade Ă lâallure vaguement humaine. â
Le pays des monstres â Cedric Bessaies
Un laisser-passer à la main, la porte se referme derriÚre moi. Je pénÚtre dans la ville avec hésitation, accueilli par sa lumiÚre radieuse et des odeurs courantes. Bienvenue au pays des monstres.
Initialement timide et surpris par les deux rĂšgles du lieu, le narrateur dĂ©couvre la citĂ© pas Ă pas. Chaque habitant a une histoire au creux de son coeur, une histoire qui dessine les frontiĂšres de ce monde peint avec dĂ©licatesseâŠ
â Le croissant de lune Ă la main, je pars explorer la citĂ©. Je ne peux empĂȘcher mon regard de parcourir son architecture singuliĂšre et les innombrables machines qui en peuplent les rues et le ciel. â
La revanche de lâHorloger â CĂ©dric Teixeira
Le crayon de Stanley Cross file sur la page, donnant progressivement vie Ă un hĂ©ros dâun nouveau genre, Ă©lĂ©gant, futuriste et douĂ© dâun super-pouvoir. Artiste au chĂŽmage, David Sherman noie le sens de sa vie dans une bouteille de whisky, jusquâĂ ce que ses yeux sâĂ©garent sur une revue.
Une nouvelle polyphonique au croisement de plusieurs époques, entrainante et rythmée, le récit se fait et se défait de lignes en lignes, avec un touche de surprise et un soupçon de mystÚres.
â Le jeune homme gomma quelques traits, souffla les fragments qui sâĂ©parpillĂšrent sur la table, puis se replongea dans son oeuvre. Sa main glissait adroitement en gestes vifs et prĂ©cis, faisant apparaĂźtre progressivement les dĂ©tails personnage. â
Eaux troubles â AmĂ©lie Sapin
MalgrĂ© le scepticisme marquĂ© de son entourage, Eric est devenu biologiste marin. Câest sa derniĂšre annĂ©e de thĂšse, le moment de faire reconnaĂźtre son travail par la communautĂ© scientifique. Ă proximitĂ© de son poste dâobservation se trouve des Ăźles maudites. La curiositĂ© lâemporte.
Une plume fluide et sensible m’a ouvert les portes d’un autre monde, un monde marin. Erice nous entraine Ă la dĂ©couverte de cet environnement aquatique qui le fascine, passant outre les mises en garde Ă propose de la malĂ©diction…
â Eric est au milieu de nulle part. Il est une tache dâhuile sur une Ă©tendue bleue turquoise apaisante aux fonds translucides. Ici, lâocĂ©an est une surface immobile parĂ©e de diamants Ă cause du soleil de plomb qui sây reflĂšte. Dans cette immensitĂ© infinie, il se sent comme un grain de sable insignifiant. â
Poursuite â Marie D.
Il me suit depuis des mois. Jâignore pourquoi il sâest tapi dans mon ombre. Jâignore qui il est. Je veux le rencontrer.
Dans le coeur de la narratrice, la peur sâinstalle. Une peur aux couleurs de la curiositĂ© Une silhouette la suit, une silhouette anonyme et mystĂ©rieuse. Dans un jeu entre chat et souris, elle tente de lui faire face, de le rencontrer. La plume guide les pensĂ©es de la narratrice et les peint avec dĂ©licatesse. Au fil des phrases, les pistes apparaissent, se dĂ©voilent et sâemmĂȘlent jusquâĂ la chuteâŠ
â Il me suivait depuis des mois. Ou devrais-je dire, cela faisait des mois que je lâavais remarquĂ©.
Dans un premier temps, je pensais me faire de fausses idĂ©es. Ensuite, la peur sâĂ©tait installĂ©e, puis la panique. Je lui demandais de partir, de me laisser tranquille. Je le menaçais de le dĂ©noncer mais entre nous qui aurait pu prendre au sĂ©rieux quelquâun qui a lâimpression dâĂȘtre suivi sans pouvoir le prouver ? â
Science sans conscience⊠â Lancelot Sablon
Ce nâest quâun rendez-vous banal dans une journĂ©e classique. Peurs, doutes, angoisses, confidences et rĂ©flexions. Je les Ă©coute parler, câest mon travail. Les Ă©couter et les remettre dâaplomb.
La nouvelle commence comme une sĂ©ance thĂ©rapeutique et sâachĂšve en ayant dĂ©voilĂ© le sens du titre et mĂ©tamorphosĂ© la comprĂ©hension. La plume coule, trĂ©buchant parfois sur les mots au grĂ© des constructions de pensĂ©es des personnages tandis que la narrateur affronte une sĂ©ance de plusâŠ
â Le 6 janvier 2197, jour exceptionnellement classique pour la vie routiniĂšre quâĂ©tait la mienne Ă lâĂ©poque : rien ne la diffĂ©renciait des centaines de jours semblables qui lâavaient prĂ©cĂ©dĂ©e ni de ceux qui suivront.
â Parlez-moi, Samael. â
Le mot de la fin
Le thĂšme commun crĂ©e une cohĂ©rence tout en donnant Ă voir une multitude dâatmosphĂšres et dâunivers diffĂ©rents. VariĂ©es, dangereuses, amicales, polymorphes, inattendues ou mystĂ©rieuses, les crĂ©atures surgissent entre les phrases et se fraient un chemin entre les mondes. Les mots filent, les pages se tournent et jâai bien apprĂ©ciĂ© ma lecture !
Ă bientĂŽt,
Marine
Image d’en-tĂȘte rĂ©alisĂ©e avec canva.